Distinctions 2020 – Prix du patrimoine suisse section vaudoise et Prix Europa Nostra
Les prix ont été remis le 5 septembre 2020
Europa Nostra 2020, catégorie « Conservation ».
Europa Nostra-CH-FR-BoisdeChenes-1
La section vaudoise du Patrimoine suisse a choisi, elle, de décerner la Distinction vaudoise du patrimoine 2020 à la Fondation du Bois de Chênes.
De gauche à droite:
- Catherine Strehler Perrin – Département de l’environnement et de la sécurité – DGE-BIODIV
- Nicolas Delachaux – architecte
- Béatrice Lovis – Présidente de Patrimoine suisse section vaudoise
- Georges Richard – Président de la Fondation du Bois-de-Chênes
- Jacques de Saussure – Membre Comité Europa Nostra
- Christian Bovay – Trésorier de la Fondation du Bois-de-Chênes
- Martin Killias – Président Patrimoine Suisse
Discours prononcés lors de la Cérémonie de remise des distinctions le 5 septembre 2020
Discours Béatrice Lovis Patrimoine Suisse
Discours Catherine Strehler Perrin BIODIV
Discours Georges Richard Président Conseil Fondation BdC
Discours Nicolas Delachaux Architecte
Nyon région télévision – 14.05.2020
Interview de Christian Bovay, trésorier de la Fondation du Bois-de-Chênes et de Nicolas Delachaux, architecte
Dossier de présentation
Histoire
Rapport historique et architectural
Extraits de l’étude : Genolier, La ferme du Bois de Chênes et ses dépendances
anciennement « Château » du Bois de Chênes
Catherine Schmutz Nicod, historienne des monuments (juin 2011/janvier 2017)
- Introduction
La ferme du Bois de Chênes a reçu une note *2* au recensement architectural du Canton de Vaud, ce qui veut dire qu’elle représente un intérêt régional. Elle est également classée Monument historique depuis 1961, et toutes ses parties non classées figurent à l’inventaire des biens protégés.
La ferme comporte des dépendances rurales, dont un four, une fontaine et divers aménagements extérieurs, tel un ancien jardin fermé de murs avec une « grotte », un canal, etc.
- Généralités sur le village de Genolier
Germain Hausmann, dans Le Dictionnaire historique et biographique de la Suisse, consultable en ligne, donne ces quelques informations historiques sur la commune de Genolier :
« Village groupé situé sur la route Nyon-Arzier. 1110 Genolliacum. 247 hab. en 1764, 315 en 1850, 366 en 1900, 275 en 1950, 1494 en 2000. Vestiges romains (fonderie, scories de verre), nécropoles du haut Moyen Age.
Le village est, au Moyen Age, une coseigneurie de la famille de Prangins et des sires de Mont, lesquels se font appeler seigneurs de Genolier, construisent un château en 1210 et affranchissent leurs sujets en 1221. Dès 1528, Genolier appartient exclusivement aux seigneurs de Prangins avant de passer, après divers propriétaires, aux mains du seigneur de Coinsins (1725).
Sous le régime bernois, le village est intégré au bailliage de Nyon (1536-1798); il est administré à la fin du XVIIIe s. par un conseil de huit membres. L’église, consacrée à Notre-Dame, appartient dès 1110 à l’abbaye de Saint-Claude (Jura français), qui y fonde un petit prieuré, mentionné dès 1184, dont le développement est entravé par l’éloignement de l’abbaye-mère d’une part, la proximité de Bonmont et de la chartreuse d’Oujon d’autre part. Dès la fin du XIIe s., les revenus de Genolier sont rattachés à la sacristie, puis, dès 1384, à la mense abbatiale et capitulaire de Saint-Claude. Ils provenaient pour les deux tiers des dîmes de la paroisse et de possessions sises à Genolier et à Givrins. A la Réforme, l’église devient une annexe de Vich, pour être à nouveau le centre d’une paroisse, qui comprend aussi Givrins, en 1840.
Implantation dès le Moyen Age de plusieurs moulins, débouchant plus tard sur une véritable industrie (fabrique d’armes au XVIIe s., huilerie, caisserie dès le XIXe s.). Inauguration d’une gare sur la ligne de chemin de fer Nyon – Saint-Cergue en 1916. Dès 1970, la construction de nombreuses villas fait de la localité une commune périurbaine (en 2000, trois quarts des actifs sont des navetteurs). Une clinique privée se consacre dès 1974 au traitement des maladies cardio-vasculaires. L’établissement scolaire de G. et environs regroupe les communes d’Arzier, Genolier, Givrins, Saint-Cergue et Trélex. »
Quant à Eugène Mottaz, auteur du Dictionnaire historique et géographique du canton de Vaud en 1914, dans son article Genolier, évoque longuement l’histoire des propriétaires de la ferme du Bois de Chêne, et plus particulièrement le procès Desvignes de 1758, au retentissement international, auquel ils ont été mêlés. Mottaz reprend en cela le texte du Dictionnaire de Martignier publié en 1867. Nous y reviendrons plus loin.
- Situation de la maison
Sise dans une réserve naturelle, au centre d’une grande clairière, et posée sur une légère éminence, la ferme du Bois de Chênes apparaît au visiteur qui se rend là pour la première fois presque comme dans un livre de contes, hors du temps et loin des hommes. La maison conserve en effet sa silhouette « ancien Régime », sans avoir subi beaucoup de changements depuis lors, et son environnement naturel proche a lui aussi peu évolué.
Edifiée pour accueillir l’habitation d’un maître, le seigneur Quisard, cette maison était appelée « château » sur le plan de 1766. « Château », non dans le sens défensif du terme, mais parce qu’elle abritait l’habitation du seigneur.
Il s’agit pourtant d’une situation étonnante pour une demeure de maître, qui s’explique certainement par la proximité de deux ressources très importantes, d’un point de vue économique : l’abondance d’eau, de sources et de cours d’eau avec de nombreux moulins, ainsi que la forêt de chênes, bois de qualité pour la construction.
- Propriétaires successifs
En 1914, l’historien Eugène Mottaz, reprenant son prédécesseur David Martignier, relate le procès Desvignes dans son Dictionnaire, et évoque quelques propriétaires du Bois de Chênes :
« Genolier demeura dans les mains des seigneurs de Prangins jusqu’à l’an 1688, où Claude Damon, banneret de Nyon, l’acheta à noble J. de Balthasar, pour le prix de 16’000 livres tournois. Il fut retiré en vertu du droit de réintégrande, par Etienne Quisard, seigneur de Givrins, qui réunit ainsi la totalité de sa seigneurie. C’est lui qui bâtit la maison de ferme du Bois de Chêne et en fit sa demeure seigneuriale. Sa fille, Marie Quisard, épousa Henri de Gingins, seigneur de Moiry ; elle vendit, en 1725, la terre de Genolier, pour le prix de 40’000 livres tournois, au comte Louis de Portes, seigneur de Coinsins et de Crassier. (…)
Le fils du comte Louis de Portes avait succédé, dans la seigneurie de Genolier, à son père dont il portait le nom, avant l’année 1758.
A cette date mourait à Nyon Adam Desvignes, secrétaire baillival, laissant une fortune considérable à un jeune homme mineur, son parent éloigné et qui demeurait à Genolier, dont il était bourgeois. Cette succession, qui dépassait 200’000 livres, excita la cupidité du bailli de Nyon, nommé Tscharner. Celui-ci mit tout en œuvre pour en confier l’administration à ses créatures et alla même jusqu’à ajouter trois codicilles, dont l’un était de sa main, au testament d’Adam Desvignes. (…) Ce prétendu codicille fut enregistré, comme les précédents, par la docile justice.
Cependant, le public commençait à trouver étrange les allures du bailli et de la justice de Nyon ; mais personne n’aurait osé dire tout haut ce qu’il en pensait. C’est dans ce moment que le comte Louis de Portes, seigneur de Genolier et colonel en Hollande, protecteur naturel du jeune Desvignes, qui habitait dans la terre du comte, crut devoir prendre en main les intérêts de ce jeune homme.
Après de vaines démarches auprès du bailli, le comte recourut à Berne, où il multiplia des efforts inutiles, puisqu’on le renvoyait plaider à Nyon, où le bailli lui opposait constamment des fins de non-recevoir. C’est alors qu’il se décida à publier un factum, adressé au gouvernement bernois (…). Ce factum fut envoyé aux magistrats de Berne et à plusieurs notables du pays romand. C’est la première fois qu’on osait parler si librement des erreurs d’un bailli. Aussi, afin d’empêcher les populations de le lire, le gouvernement condamna ce livre à être lacéré, puis brûlé par la main du bourreau; une amende de 600 livres fut prononcée contre tous ceux qui, ayant reçu le factum, négligeraient de le remettre entre les mains des magistrats.
On comprend que le colonel de Portes ne put continuer à résider sur les terres bernoises. Il chercha un refuge à Genève et vendit sa terre de Genolier avec celle de Coinsins à noble Jean Bertrand, citoyen de Genève, pour le prix de 110’000 livres tournois.
Cependant le gouvernement de Berne, qui était en général un gouvernement juste, averti par le factum et aussi par le cri public, fut amené à examiner la conduite du bailli Tscharner dans cette déplorable affaire. Celui-ci reçut une verte censure de l’avoyer Tillier, qui lui reprocha ces prétendus codicilles, faits contrairement aux lois.
Ce fut seulement après ce quasi jugement qui donnait raison au comte de Portes , que celui-ci confia à un avocat célèbre de Paris, Loyseau de Mauléon, le soin de le défendre contre la sentence qui avait frappé son factum (1). (…)
La veuve Bertrand revendit, après la mort de son mari, les seigneuries de Coinsins et Genolier à noble Armand de Mestral (…). »
Liste de propriétaires
Cet article nous donne une liste de propriétaires, que nous complétons avec des données plus récentes, par la compilation de divers ouvrages :
1) Seigneurs de Prangins, depuis le Moyen Age jusqu’en 1688
2) Famille Quisard, 1688-1725
3) Famille de Portes, 1725-1764
4) Famille Bertrand, 1764-1782
5) Famille de Mestral, 1782-1835
6) Famille Guebhard, 1835-1919
7) Commune de Genolier, 1919
Quelques renseignements supplémentaires sur les propriétaires
1) de Prangins
Bernard Andenmatten, dans le dhs, donne ces renseignements :
Famille de la haute noblesse vaudoise issue de celle des seigneurs de Cossonay. Ceux-ci étaient détenteurs du château de Prangins, cité dès 1154, dont ils prirent parfois le titre, conjointement à celui de Cossonay. La famille se ramifia à la mort de Jean de Cossonay (vers 1230), et dès lors son fils cadet Guillaume s’intitula seigneur de Prangins. Outre le château éponyme, les Prangins détenaient également au XIIIe s. la ville de Nyon ainsi que les châteaux de Mont-le-Vieux et de Bioley. Ils possédaient aussi deux seigneuries beaucoup plus lointaines, Grandcour et Bellerive dans le Vully, que Jean, fils de Guillaume, céda en gage au comte Philippe de Savoie (1276) et ne récupéra probablement jamais. Dominant un important réseau de petits chevaliers, les Prangins se prétendaient eux-mêmes alleutiers, à l’exception de la ville de Nyon qu’ils déclarèrent tenir en fief de l’archevêque de Besançon (1246). Davantage encore que leurs cousins de la branche aînée des Cossonay, les Prangins furent les adversaires les plus résolus de l’expansionnisme savoyard. Ce fut notamment le cas d’Aymon, qui succéda à son aîné Jean vers 1284. Dans la guerre de succession qui opposa la dauphine Béatrice, fille de Pierre II de Savoie, à ses cousins Amédée V et Louis Ier, il prit parti pour la première en la soutenant avec l’aide de ses vassaux et de ses bourgeois de Nyon. Les Savoie mirent le siège devant la ville et s’emparèrent de ses châteaux en 1293-1294. Vaincu, Aymon se soumit mais il ne renonça formellement à ses droits qu’en 1306 en échange d’une rente viagère. Ayant perdu tout lien avec la seigneurie de Prangins, la famille se perpétua dans plusieurs branches cadettes et bâtardes, dont sont issus deux évêques de Lausanne, Guy et Jean (2).
2) Etienne Quisard : constructeur de la maison du Bois-de-Chêne
Etienne Quisard, fils d’Urbain et frère de Pierre Quisard (connu pour son coutumier), achète le domaine du Bois-de-Chêne en 1688. En 1725, la fille d’Etienne, Marie Quisard, épouse de Henri de Gingins, vend le domaine au comte Louis de Portes, seigneur de Coinsins et Crassier.
3) Louis de Portes, père et fils
La famille de Portes est une famille huguenote réfugiée en Suisse. L’article de Gilbert Marion dans le Dhs nous apprend ceci :
Né le 26.4.1666 à Castres (Languedoc), décédé le 28.2.1739 à Genève, prot., de Castres et de Berne (1698). Fils de Jacques, huguenot réfugié à Lausanne, puis à Vevey, et de Marguerite du Poncet. ∞ 1) 1695 Marguerite du Poncet, sa cousine germaine, fille de Jean, réfugié en Hollande, 2) Marguerite de Budé, fille de Guillaume, seigneur de Ferney et de Boisy, de Genève. Capitaine au service de France (1690), P. fut licencié pour cause de religion en 1698. Passé au service de Savoie en 1703, il fut nommé colonel d’un régiment protestant. Il se distingua au siège de Turin (1706), puis en Sicile. Général (1711), feld-maréchal-lieutenant (1719), général d’artillerie (1731), P. prit sa retraite en 1733. Il acquit les seigneuries de Coinsins (1712), Symond près de Veyrier (1721), Crassier (1723), Genolier (1725), Borex (1738) et fit construire le château actuel de Coinsins (1720) (3).
Dès 1756, le seigneur de Genolier, qui était en même temps seigneur de Coinsins, réunit en une seule les deux seigneuries qui eurent dès lors une seule justice, composée d’un châtelain, d’un lieutenant et de cinq jurés.
Louis de Portes meurt le 28 février 1739, son fils lui succède ; il est âgé de 21 ans. Louis de Portes, comme son père, fait une carrière militaire. Capitaine en 1741, major en 1745, il passe en 1748 du service de la France au service de la Hollande, il sera colonel en 1749. A cause du procès, il vendra de manière précipitée le château à n. Jean Betrand.
4) Jean Bertrand
En 1764, le domaine est acquis par Jean Bertrand, financier de Genève. Eric Magnin, Coinsins, op. cit., p. 206, précise que noble Jean Betrand, citoyen, est membre du Conseil des 200 et secrétaire de la Justice de la République de Genève. Il devient le 14 février 1764 seigneur de Coinsins et Genolier. Venu de Montpellier, il épousa Catherine Boissier. Mort en 1781, sa veuve vend la seigneurie le 5 avril 1782. Eric Magnin souligne qu’il est intéressant de connaître la teneur de l’acte d’achat, les personnalités présentes, la description de la seigneurie, et les conditions de paiement, celles-ci faisant bien ressortir la situation délicate de Louis de Portes à l’issue de son procès.
5) Armand de Mestral
Après la mort de Jean Bertrand, sa veuve vend en 1782 les seigneuries de Coinsins et Genolier à noble Armand de Mestral, pour le prix de 145’000 frs de 10 batz.
L’article d’Alexandre Pahud dans le Dhs nous livre ceci :
8.2.1738 à Saint-Saphorin-sur-Morges, 9.11.1805 à Vienne, prot., seigneur de Saint-Saphorin, Vufflens-la-Ville, Dizy, Coinsins et Genolier. Danois en 1776. Fils de Gabriel-Henri, seigneur de Pampigny, et de Judith-Louise de Pesmes. Petit-fils de François-Louis de Pesmes (de Saint-Saphorin). Célibataire. Etudes à l’université de Göttingen (1758-1759). Chargé d’affaires à Dresde (1763), puis ambassadeur du roi du Danemark en Pologne (1765), en Espagne, aux Pays-Bas, en Russie et en Autriche (1789). Chevalier des ordres de l’Aigle Blanc et de Saint-Stanislas de Pologne (1773). (Fonds d’archives– ACV)
Puis Charles Albert de Mestral, frère d’Armand (Coinsins, op. cit. p. 211) reçoit la ferme du Bois de Chênes. En 1811, Charles de Loriol vend le château à Emmanuel Faesch-Passavant de Bâle.
6) Louis Guébhard
Le comte Pierre Louis Emmanuel Guebhard-Pfister (1775 à Soleure – 1859 à Paris) banquier, rentier, vivant à Paris, d’une famille d’origine prussienne, admise à la bourgeoisie de Neuchâtel, acquiert le domaine en 1835. Louis Guebhard consacre beaucoup de temps et d’argent au château de Coinsins.
Oscar Guébhard-de Chambrier devient propriétaire en 1867. Héritier d’une famille de libristes très engagés, des réunions de la Croix-Bleue sont organisées soit dans le parc du château soit au Bois de Chênes.
Le Courrier de la Côte du 19 mars 1896 parle ainsi d’Oscar Guebhard, mort à 80 ans : «(Il) était essentiellement un travailleur, toujours occupé soit par l’exploitation de sa forêt du Bois de Chênes, soit par le soin de ses arbres fruitiers, d’entre les plus beaux et les mieux entretenus de la contrée ».
L’hoirie Guebhard est constituée de la veuve et des enfants. Elle vendra le Bois de Chêne à la Commune en 1919.
- Etapes constructives
Vers 1688-1692 : construction de la maison du Bois de Chênes
Sur le plan conservé aux Archives cantonales datant de 1692, la maison existe déjà, avec les armes de la famille Quisard.
Genolier demeura dans les mains de la seigneurie de Prangins jusqu’en 1688. Le nouvel acquéreur de la seigneurie, Etienne Quisard, seigneur de Givrins, bâtit donc cette maison entre 1688 et 1692, ce qui donne une fourchette chronologique très resserrée.
Avant 1692, il existait peut-être déjà une maison forte, peut-être une simple tour, érigée par les de Prangins.
Une analyse archéologique permettrait de déterminer s’il y a une construction antérieure à celle 1688-1692.
Au XVIIe siècle, de nombreux patriciens bernois, ou des seigneurs locaux proches du nouveau gouvernement, acquièrent des biens de l’ancienne aristocratie locale déchue et souvent ruinée. C’est une manière d’asseoir le pouvoir tout en le légitimant avec des biens immobiliers anciens. On assiste ainsi dans tout le Pays de Vaud à un remaniement de maisons fortes pour en faire de nouvelles résidences, à caractère plus résidentiel et moins défensif. Ces nouvelles « maisons de campagne » permettent non seulement de consolider le pouvoir dans les villages, mais aussi d’amener des revenus en nature grâce aux travaux de la terre, de la vigne, à l’exploitation des bois de construction.
XVIIIe siècle
Aménagements extérieurs. Construction de dépendances rurales dont le four
En 1725, la fille d’Etienne, Marie Quisard, épouse de Henri de Gingins, vend le domaine au comte Louis de Portes, seigneur de Coinsins et Crassier.
Aux Archives communales de Coinsins, plusieurs actes concernant le Bois de Chêne nous intéressent directement, publiés dans Coinsins passionnément. Histoires… op. cit, pp. 202 et ss. Ainsi, p. 222, l’extrait de l’acte de vente par Marie De Quisard à Jean Louis de Portes passé le 11 août 1725. Nous modernisons l’orthographe : « A savoir : La terre et seigneurie de Genolier, située au bailliage du dit Nyon, canton de Berne, consistants en domaine, maison, grange, forêts, moulin, scies, prés, vignes, champs et autres fonds existants rière la dite terre et seigneurie … »
Le plan de 1766 montre un jardin, une terrasse, un verger, un bâtiment à l’arrière d’une cour, des dépendances rurales en L, le bâtiment du four. Ce qui veut dire qu’avant cette date, de nombreux aménagements extérieurs sont aussi apportés par les propriétaires.
En 1773, un fossé est creusé pour régler les eaux, aménagement mentionné dans l’acte de vente à la famille Guébhard, in Eric Magnin, op. cit., p. 216 : Acte de vente (conservé aux ACV) le 14 septembre 1835 :« ….(du) Domaine du Bois de Chênes, situé dans les territoires de Genolier & Coinsins, consistant en bâtiments de ferme, four, cour fontaine, sources & autres dépendances, jardin, prés, champs, bois & pâturages (…) en 1773, M. Bertrand de Coinsins, alors propriétaire du Bois de Chênes avait accordé à M. Desvignes de Givrins, la faculté de faire ouvrir un fossé au travers du Grand Marais qui est sous la maison du Bois de Chênes, pour en couper les eaux, & les conduire dans la pièce dite des Tattes… ».
XIXe siècle
Démolition d’une dépendance au nord. Construction d’un bassin de fontaine, alimentée par l’eau de source. Canalisation du cours d’eau. Pas d’autres travaux connus ou détectés.
- Description des plans et cartes
Plan 1692 (Fig 1)
ACV Gb 239/a Plan à vue de 1692, folios 65-66 avec rabats, commissaire non identifié.
Ce plan est exceptionnel, de par sa date précoce – les documents de ce type sont encore peu fréquents au XVIIe siècle -, par le fourmillement des détails, les éléments représentés en trois dimensions et la mise en couleurs à la plume.
La maison du Bois de Chênes occupe une place privilégiée dans le plan visuel de 1692, représentée en trois dimensions, et de manière exagérément grande.
On reconnaît bien la ferme grâce à l’immense volume de son rural et son imposante toiture coiffée d’épis de faîtage surmontés de drapeaux démesurés, ornés de bandes verticales (de pals) avec trois étoiles, indiquant l’origine noble des propriétaires, seigneurs et habitants du lieu, la famille Quisard. Les armoiries Quisard sont composées ainsi : Fascé d’azur et d’argent de six pièces, chaque fasce d’azur chargée d’une étoile d’or. Or, ici il y a un pal (élément vertical) de trop… Ainsi, au lieu d’être « penché », il est redressé, et transformé en argent à trois pals d’azur. Il s’agit d’une erreur de dessinateur étonnante, vu que la maison est certainement celle du commanditaire du plan !
Une immense cheminée est représentée à l’arrière du toit, indiquant la présence ancienne d’un four, peut-être à l’arrière de la maison. Par contre, il n’y a pas de dépendances dessinées.
Malgré une représentation un peu naïve du plan, celui-ci est riche d’enseignements et apporte des détails précis, certains plus mis en valeur que d’autres, démontrant ce à quoi on donne le plus d’importance, tels le tracé des routes, l’emplacement des moulins, des étangs, les noms des lieux-dits, l’emprise du bois sur le territoire. Quant à la maison, elle est montrée dans son état d’origine. Si l’on dénombre les ouvertures du rez-de-chaussée, elles correspondent à celles d’aujourd’hui.
On perçoit un « retour » de façade indiqué avec un balayage de traits à la plume, formant un ombré. Le relief de la grande porte de grange est accentué par un trait marqué plus fortement, alors que la petite porte de grange comporte des chapiteaux, marqués par des rectangles à mi-hauteur.
Ces folios si précisément détaillés semblent avoir été illustrés à la gloire des seigneurs de Genolier, chaque arbre de la forêt est représenté pour lui-même, chaque tuile du toit de la ferme également. La forêt ainsi dessinée fait penser à un écrin pour mettre en valeur un bien précieux. Par contre, les marais et les prés ne sont pas même esquissés, ce qu’on veut mettre en avant ici, en plus de la ferme, c’est la forêt.
La forêt enserre le bâtiment de manière très compacte, à gauche et à droite de celle-ci du moins. Devant, un dégagement sert à faire passer la route, touchant l’angle de la maison. A l’arrière, il semble y avoir une place, mais peut-être n’est-ce que pour ménager de l’espace aux épis de faîtage et leurs drapeaux…
Les lieux-dits
Les inscriptions des plans donnent quelques éléments descriptifs et lieux-dits, écrits ici avec l’orthographe ancienne:
– Place vuide ou sont plusr. Fontaines
– Marest des Gauts (???)
– Pré de Lestan
– Marais (?) apelé Grande Et Petite Montouze
– Terre extirpée
– Fontaine froide
– La sésillie
– Sentier tendant des Genolier à Begnin
– Chemin allant à Vy
– Bois Euraz (?)
Les moulins
Les moulins sur le canal de dérivation du Montens constituent un ensemble unique dans la région. Daniel Glauser (4) mentionne que : « Le ruisseau du Montant prend sa source à proximité d’Arzier et alimente trois sites préindustriels qui conservent la plus intéressante collection d’artifices de la région. »
Le réseau routier
Daniel Glauser rappelle dans son ouvrage l’état du réseau routier à l’époque bernoise et l’importance de son développement (5) : « le réseau hérité de la période précédente a dû être utilisé pour une large part tel quel jusqu’à la fin du XVIIe siècle, faisant l’objet de travaux d’entretien et de quelques aménagements mineurs.
(…) A partir de la fin du XVIIe siècle, LL.EE. de Berne commencent à mettre en place une véritable politique dans ce secteur essentiel, qui déploie tous ses effets dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. »
Les forêts
Ce même auteur parle aussi de l’utilisation des terres, et, pour ce qui nous concerne plus particulièrement, des forêts (6) :
« Le terme de forêt vient du bas-latin forestis signifiant en dehors de, c’est-à-dire appartenant à tous à l’époque romaine. Durant le haut Moyen Age, ce statut change : les seigneurs et les couvents accaparent cette propriété commune, liant les défrichements et l’exploitation des bois à des autorisations et des redevances. Il faut attendre l’époque bernoise pour qu’une grande partie des forêts dépende directement des communes ; LL.EE. restent toutefois propriétaires de bois importants, notamment de ceux dits d’avenue, afin de protéger les frontières de leurs Etats. (…)
Les forêts que nous connaissons aujourd’hui n’ont plus rien à voir avec celles encore vierges du Néolithique, dans lesquelles l’homme prélevait ce dont il avait besoin. Elles sont le résultat d’une culture pratiquée depuis de nombreux siècles pour axer la production sur les besoins ; on élève plus spécifiquement le sapin, bois de construction par excellence, et le hêtre pour son rendement calorifique ; les chênaies, jadis nombreuses, ont été décimées au XIXe siècle, entre autres pour la fourniture de traverses pour l’aménagement des voies ferrées. À l’époque bernoise, au XVIIIe siècle, des mesures de protection s’imposent en raison d’une surexploitation liée aux besoins traditionnels et à ceux d’industries telles que les verreries, les fours à chaux ou encore les hauts fourneaux dans le Jura. (…).»
Plan 1766
ACV Gb 239/b Plan de 1766, folio 46, n°37, plan établi par le commissaire Frédéric-Henri Nillion
Le propriétaire en 1766 est noble Jean Bertrand, de Genève, propriétaire depuis 1764.
La maison s’appelle « château » au lieu-dit « Vers-la-Maison ». Mais elle semble presque minuscule par rapport à celle du plan précédent, un simple rectangle un peu insignifiant, alors que le jardin et les cultures semblent accaparer tout l’intérêt du commissaire…
Quelques changements majeurs sont à signaler par rapport au plan de 1692 :
Des dépendances ont été construites, peut-être en existaient-elles déjà, mais elles n’avaient pas semblé dignes d’être montrées. A l’arrière, au fond d’une cour, prend place un bâtiment rectangulaire. A l’avant, formant un L, deux petites dépendances rurales ferment la cour et la protègent de la route. De l’autre côté de la route, un bâtiment carré est représenté à l’emplacement du four actuel.
Tentative de sériciculture ?
Les jardins sont indiqués en vert par des parterres à la française. Une « terrasse », un « plantage » et un « chenevier » (plantation de chanvre) y sont liés. Apparaissent aussi un grand « Verger », et, plus exceptionnel, des plantations de « Meuriers » (graphie ancienne de mûrier). Le bâtiment du fond de la cour pourrait donc être une magnanerie, servant à la sériciculture ? Dans le Pays de Vaud, on en trouvait dans plusieurs grands domaines de maître.
Auguste Verdeil, dans son Histoire du canton de Vaud, 1849-1852, relate l’histoire agricole et le développement de l’agriculture à l’époque bernoise. Il cite souvent les travaux de Jean Bertrand, d’Orbe (7), peut-être parent du Bertrand qui nous concerne, seigneur de Genolier.
Il nous apprend que la Suisse n’est pas restée étrangère au mouvement général de réforme de l’agriculture, initié en Angleterre, « mais les travaux de ses savants n’ayant point de direction déterminée demeuraient sans résultats, lorsque le secrétaire du consistoire de Berne, Mr Jean-Christophe Tschifféli, conçut l’heureuse idée de les diriger sur les moyens de perfectionner l’agriculture dans les états de LL. EE. de Berne. Mr Tschifféli publiait, en 1758, une Invitation aux amateurs de l’Agriculture et aux vrais Patriotes, par laquelle il proposait de rassembler par voie de souscription, un fonds nécessaire destiné à des prix annuels en faveur des meilleurs solutions relatives au perfectionnement de l’agriculture dans le canton de Berne. (…)
« L’assesseur consistorial Berdez donne les détails de ses essais sur les vers à soie faits en 1762 : Après avoir mis par degrés à une chaleur convenable une once de graine, les vers sont éclos du 28 au 30 avril, les quatre mues se sont faites régulièrement, et le 6 juin la montée a été terminée. Cette once de graine a produit 107 livres de cocons, qui ont donné quatorze livres de soie, poids de 15 onces, outre la filozelle. Il est à remarquer que les vers ont été nourris avec la feuille de jeunes mûriers, plantés en pépinières en mars 1759, et depuis la quatrième muée avec des feuilles de gros mûriers… Il y a quelques années, il s’est fait ici, à Vevey, une récolte aussi forte que les meilleures du Piémont, puisque l’on a eu environ 130 livres de cocons pour une once de graine.» Mr Berdez établit, dans sa campagne près de Vevey, une magnanerie, et un bâtiment consacré à la filature de la soie. A côté de cette branche d’industrie, il fonda dans la ville de Vevey un commerce et une fabrique d’horlogerie, qui occupait plus de cinquante ouvriers, et autant à la Vallée. Mais depuis la mort de cet homme industrieux, cette fabrique d’horlogerie languit, la plupart des ouvriers transportèrent leur activité à Genève, la magnanerie de Mr Berdez cessa d’être en activité, et la culture des mûriers blancs fut abandonnée. [note en marge: Mr Larguier de Pluviannes établit une plantation de Mûriers à son domaine la Papetterie sur la Venoge.]
(…) Enfin, la Société Economique de Berne annonçait que la somme de cinq mille francs de Suisse, provenant du bénéfice d’une loterie, accordée pour l’encouragement de la culture des mûriers blancs, serait répartie en primes pour des pépinières et pour des plantations de mûriers. L’une d’elles, de cinq cents francs, était offerte pour la plus belle plantation à demeure, dans le voisinage de l’une des villes du Canton. »
Le nombre de cultures indiqué sur le plan du Bois-de-Chênes de 1766, plantages et pâturages, plantations de « meuriers », prés, terres, reflète l’importance du lieu du point de vue de l’exploitation agricole. Ce qui correspond bien à la volonté d’encouragement aux cultures proposé par LL.EE. de Berne, elles-mêmes influencées par la réforme anglaise dans le domaine de l’agronomie, de même que par le mouvement des physiocrates, émergeant en France vers 1750.
Plan 1844
ACV Gb 239/c Plan de 1844, signé de Gabriel Dufour, folio 35, n°5
Descriptif du plan : Bâtiment à Guebhard, Louis, Pre Ls ffeu Jn-Frs-Ls. Comte Guebhard
A ce plan, est lié le renvoi suivant:
« 1 cour
2 four
3 bûcher
4 étable
5 bâtiment
6 place
7 jardin
8 jardin
9 champ
10 pré »
… ainsi que le procès-verbal de taxation des bâtiments du Canton de Vaud, datant de 1838 :
ACV GEB (p.-v. 1838) :
N°1, article 1019 : propriétaire Louis Guebhard, Au Bois de Chênes, habitation, grange, écurie, couverture en tuiles « Le bâtiment est vieux, mais la construction solide… » conservation : 4. Age : plus de 100 ans.
Ces deux documents apportent quelques éléments supplémentaires par rapport au précédent plan :
Notre supposée magnanerie a disparu.
La dépendance rurale de la maison, formant un L est décrite comme une étable. A côté, la « cour » est une basse-cour. A côté de celle-ci, le courant de l’eau est dévié, dans un petit bassin semble-t-il.
Un bûcher a été construit, derrière le jardin (aujourd’hui démoli).
Le bâtiment carré est appelé « four ».
ACV PP 530/345 (fonds Château de Coinsins)
Fonds composé de plusieurs plans :
Plan 1873
PP 530/345 plan de 1873 par Moreillon avec plan de la forêt du Bois-de-Chêne appartenant à M. Guébard, levé en juin 1836 par Louis-Henry Delarageaz, géomètre. Ajout au crayon du XXe siècle.
Ce plan est une copie d’un plan levé en 1836, où seuls figurent la maison, la dépendance et le four.
D’autres copies datent de la même époque, semblables, à la différence du ruisseau canalisé ou non.
Le renvoi indique :
1 cour
2 four et grenier (ajouté plus tard au crayon)
3 bûcher
4 étables à porcs
5 logement, grange & écurie
6 place
7 jardin
8 jardin
9 champ
10 pré
etc.
1919
ACV PP 530/346 « Plan des Bois de Chênes, mai 1919, J.J. de Luze, insp. forestier » 2 exemplaires avec annotation au crayon
Renvois :
Etable à porcs, bûcher
Cartes
Carte Dufour 1845
Carte Dufour première édition sur le géoportail fédéral
La Carte Dufour est le nom donné à un atlas au 1:100 000 du territoire suisse basé pour la première fois sur des mesures géométriques précises. Le projet a été réalisé entre 1845 et décembre 1864 par Guillaume-Henri Dufour, topographe et général suisse. Le relief et les différences d’altitude sur les cartes de Dufour sont essentiellement symbolisés par des hachures ainsi que des courbes de niveau pour le fond des lacs.
La maison du Bois de Chênes est présentée de manière schématique, avec le four de la même importance.
Carte Siegfried, Begnins, feuille 443, 1895 (Atlas topographique de la Suisse)
Les cartes Siegfried sont des cartes historiques de la Suisse entre 1870 et 1949 au 1:25 000.Elles permettent de cerner l’évolution du territoire en un laps de temps réduit, à une époque de grands changements urbanistiques en Suisse.
La carte de 1895 présente un état relativement récent de la forêt. Elle est beaucoup plus précise que la carte Dufour. On y voit la maison, deux dépendances rurales et le four, le ruisseau, ainsi que le jardin.
Les noms de lieux et leur signification :
Tattes : terre maigre, en friche, surtout à Genève et ouest vaudois
Gaut : bois, forêt, bocage, terre inculte où croissent des broussailles
Condémines : terre facile à cultiver, assez plate, réservée au seigneur
Bochet : bosquet ou lieu buissonneux
Molard : petite meule ???
Source : Maurice Bossard et Jean-Pierre Chavan, Nos lieux-dits. Toponymie romande, Payot, Lausanne, 1990 et Godefroy, Dictionnaire de l’ancienne langue française
- Description de la maison
La maison appartient à un type de maison paysanne avec double fonction, constituée d’une partie rurale et d’une partie habitation. Elle est ainsi construite pour un mode de vie quasiment autarcique. Les deux fonctions se distinguent aujourd’hui par leurs toitures placées perpendiculairement l’une par rapport à l’autre. L’immense rural sert de grange et d’étable. En se référant au plan de 1766, qui présente la maison au cœur d’un énorme domaine agricole en partie cultivé, en partie en pâturages et en bois, on comprend la nécessité d’un si grand rural.
Dans le livre de Charles Biermann, La maison paysanne vaudoise, publié en 1946, se trouve à la p. 54 une illustration de la maison du Bois de Chêne, par J.-L. et Suzanne Biermann, avec une description de ce que l’auteur appelle une maison « à dôme » :
« Type de maison à dôme »
« La maison simple présente quelques variantes. L’habitation y montre un pignon latéral, qui s’élève donc sur le pan du toit à l’égout, pignon tantôt simple, alors supplémentaires aux pignons normaux, tantôt double, c’est-à-dire se répétant sur les deux faces de la maison et faisant disparaître le pignon régulier voisin : dans ce cas le faîtage est disposé en -|.
Ce pignon latéral est appelé dôme dans la campagne vaudoise. Sous une forme ou sous l’autre, le dôme peut remonter à la construction de la maison. Simple, il donne lieu à des bâtiments élégants, à Chavannes-le-Chêne, à Ogens, à Daillens, à Lully, Genolier. Double, il résulte, sinon de la contiguïté dans l’intérieur d’un village, du moins de la petitesse des parcelles ; ainsi à Villarzel, la maison voisine de l’école, privée du droit de jour de ce côté, où elle touche à la limite de la propriété, s’est tirée d’affaire par cette sorte de conversion.
Souvent, le dôme simple provient de transformations apportées à la maison après coup, par exemple lors des agrandissements du logis ; il permet, en somme, d’y ajouter un étage de plus, une sorte de mansarde commune, en utilisant pour cela les combles de la maison.
La maison à dôme est rare ; il y a des districts entiers où je n’en ai pas découvert une seule, d’autres où elle n’est représentée que par un ou deux exemplaires ; la seule région où elle soit plus fréquente est le Jorat, dans le sud des districts d’Echallens et de Moudon, et l’ouest de celui d’Oron. »
« Typologie en T »
Après Charles Biermann, avançons une analyse plus récente, concernant la forme des maisons paysannes en T, par Daniel Glauser, dans le chapitre « L’agrandissement du logement » (8) :
«Le corps transversal au toit en T suit une répartition géographique comparable à celui en forme de L. Ces variantes semblent découler moins souvent de travaux d’agrandissement que les précédentes. Elles sont généralement anciennes, sans qu’il soit possible, en l’absence d’investigations archéologiques appropriées, de savoir si elles font partie intégrante de la construction initiale. Le corps transversal permet d’aménager un étage, parfois même deux, de surface équivalente à celui du rez-de-chaussée, coiffé d’un comble important (fig. 239). »
La maison évoquée par D. Glauser se situe à Coinsins, au Mimorey et date de 1682. Cette importante bâtisse fait partie d’un domaine rural et abrite, comme la ferme du Bois de Chênes, l’habitation d’un maître.
Comparaisons typologiques
Comme évoqué ci-dessus, quelques maisons peuvent servir de comparaison : la maison du Mimorey à Coinsins, et celles de Chavannes-le-Chêne, d’Ogens, de Daillens, de Lully et de Villarzel, citées par Charles Biermann, forment un petit corpus vaudois.
Description de quelques éléments caractéristiques
La façade pignon de la partie habitation, qui présente le berceau lambrissé, comporte des baies à encadrement simple, rectangulaire, avec une plus petite ouverture au niveau du comble. La toiture en demi-croupe se termine par de larges coyaux. Des épis de faîtage couronnent le tout.
L’encadrement de la porte d’entrée de l’habitation présente un beau-jour au-dessus d’une corniche, apportant de la lumière dans le long couloir. A l’autre extrémité du couloir, se trouve un encadrement en calcaire de forme « chapeau de gendarme ».
La porte d’entrée principale, « décentrée » par rapport à l’axe de la façade, donne accès à un couloir transversal, qui dessert aussi bien l’habitation que le rural, tout comme dans la maison du Mimorey. A gauche de l’entrée, des caves, dont certaines sont voûtées, servent de réserve, de garde-manger, ou de dépense. A droite, se trouve la belle pièce d’apparat entièrement boisée, dont les moulures et les ferrures font penser à une datation de la fin du XVIIe – début du XVIIIe siècle. La grande épaisseur du mur se lit dans l’importante embrasure en plein cintre de la fenêtre. A l’arrière, la cuisine, et son évier de pierre, sont aussi placés dans une large et profonde embrasure de fenêtre. Tout au fond à gauche, se situe l’escalier de bois, construction de plan rectangulaire, rampe sur rampe, légère bien que soignée, avec ses « pommes » de rampe sculptées. Pour l’aménagement des chambres, on trouve quelques éléments anciens : des parquets à cadres, des tommettes, un trumeau de cheminée, des corniches en plâtre.
De nombreux éléments anciens sont dignes d’intérêt et doivent être conservés, tels les boiseries du rez-de-chaussée et des étages, les portes, les huisseries, les galets au sol, les anciens murs à colombage (règlemur).
Pour le rural, la charpente à poteaux, très élancés et élevés, dégageant un immense espace, donne tout son intérêt au lieu. C’est une magnifique typologie ancienne.
Comme souvent au XVIIIe siècle, le four est compris dans une construction extérieure à l’habitation, pour des raisons de sécurité. De nombreuses cures vaudoises apportent des exemples équivalents. Ici, le bâtiment est plus développé, et ne sert pas seulement à la cuisson du pain.
- Résumé et conclusion
La ferme du Bois de Chênes a été construite au XVIIe siècle, entre 1688 et 1692, par le nouvel acquéreur de la seigneurie de Genolier, Etienne Quisard, seigneur de Givrins. Auparavant, Genolier appartenait aux seigneurs de Prangins, et ceci depuis le Moyen Age.
La construction de la ferme en 1688-1692 s’est peut-être réalisée à partir d’une maison plus ancienne, beaucoup plus réduite, ce qu’une analyse archéologique des maçonneries et une analyse dendrochronologique pourraient confirmer.
Sur un plan visuel exceptionnel datant de 1692, conservé aux Archives cantonales vaudoises, la maison est représentée en trois dimensions, de manière disproportionnée par rapport à la forêt, selon une vision symbolique des éléments. Cette hiérarchisation et mise en perspective magnifiée sont dues au fait que la maison appartient au seigneur du lieu. D’ailleurs, les armes de la famille Quisard sont dessinées sur les drapeaux qui flottent au-dessus des épis de faîtage, bien que maladroitement car les champs ont été inversés.
La façade-pignon avec berceau lambrissé, qui comprend l’habitation et qui rappelle l’architecture bernoise, n’est pas représentée sur ce plan de 1692. Cette partie aurait peut-être été agrandie plus tard (à confirmer par les archéologues et l’étude dendrochronologique).
Au XVIIIe siècle, plusieurs dépendances rurales sont construites, dont le four. Les jardins sont alors aménagés à la mode française. C’est certainement la famille de Portes qui apporte ces améliorations, puis noble Jean Bertrand, de Genève.
C’est ensuite Armand de Mestral qui acquiert la maison. Nous ne connaissons pas de travaux particuliers à lui attribuer. Au XIXe siècle, la maison est achetée par le comte Guebhard, qui possède le château de Coinsins depuis 1830. Cette famille investit beaucoup pour le château, sa résidence principale.
Même si la maison du Bois de Chênes est modestement appelée ferme aujourd’hui, de par sa fonction de rural et d’habitation, elle a bel et bien été construite par le seigneur de Genolier pour y résider, et a connu plusieurs propriétaires d’extraction noble, les seigneurs du lieu, jusqu’à l’achat par la Commune en 1919.
Pour compléter cette étude, il faudrait consulter les documents aux Archives cantonales vaudoises précédant les cadastres modernes, qui n’étaient pas disponibles au moment de la rédaction.
Une analyse archéologique des murs et des enduits, ainsi qu’une analyse dendrochronologique permettraient de préciser les datations données dans ce travail. En effet, aucune source historique n’est venue créditer nos observations visuelles.
La maison se trouve dans un état proche de l’origine, vu le peu d’interventions constatées aux XIX et XXe siècles, si ce n’est la pose malvenue d’une dalle en béton aux combles.
Cet état très authentique de conservation, aussi bien dans la typologie constructive que dans les éléments architecturaux et les matériaux, mérite dans le cadre d’un projet de rénovation un soin minutieux, dans le respect du bâti ancien.
Plan 1692
ACV Gb 239/a
Plan à vue de 1692, folios 65-66 avec rabats, commissaire non identifié.
Plan 1766
ACV Gb 239/b Plan de 1766, folio 46, n°37, plan établi par le commissaire Frédéric-Henri Nillion
Plan 1844
ACV Gb 239/c Plan de 1844, signé de Gabriel Dufour, folio 35, n°5
Plan 1836/1873
ACV PP 530/345 (fonds Château de Coinsins)
Plan 1919
ACV PP 530/346 « Plan des Bois de Chênes, mai 1919, J.J. de Luze, insp. forestier » 2 exemplaires avec annotation au crayon
(1) Ici peut lire l’histoire du procès écrit par de Portes
(2) Bibliographie : G. Castelnuovo, Seigneurs et lignages dans le Pays de Vaud, 1994, 51-57 (ital. 1990)– B. Andenmatten, La maison de Savoie et la noblesse vaudoise (XIIIe-XIVe s.), 2005, 143-150, 286-289.
(3) Fonds d’archives : AFam, BBB (testament du 20 juin 1738 léguant la seigneurie à son fils). Bibliographie : Le refuge huguenot en Suisse, cat. expo. Lausanne, 1985, 128-129.
(4) op. cit. p. 194 ss.
(5) pp. 42-43.
(6) p. 47.
(7) Wikipedia : Jean Bertrand, né à Orbe en 1708 et décédé en 1777, est un agronome et pasteur suisse.
Il était le frère du naturaliste suisse Élie Bertrand (1712-1790). Nommé pasteur à Orbe, il s’appliqua surtout aux études agronomiques. Il fut trois fois couronné par la Société économique de Berne qui le choisit pour secrétaire. Il est le traducteur du dictionnaire de Philip Miller (1691-1771). Publications:
De l’eau relativement à l’économie rustique, ou traité de l’irrigation des prés, dédié à la société économique de Berne, Avignon, et Lyon, G. Regnault, 1764, in-8°, XVI-176 p. ; 2e éd. (augmentée de la description d’un cultivateur et d’un compas très-utiles pour la formation des rigoles), Paris, chez A.-J. Marchant, 1801 (an IX), in-8°, VIII-136 p. ; traduit en allemand, Nuremberg, 1765 ; par ailleurs auteur d’un mémoire sur le même sujet, inséré dans les Mémoires de la Société économique de Berne, 1761, t. II, 3e partie, p. 483-535
Essais sur l’esprit de la législation favorable à l’agriculture, à la population, au commerce, aux arts et aux métiers [pièces couronnées par la Société économique de Berne], Berne, Société typographique, 1766, in-8°, VI-379 p. ; nouvelle édition, Paris, Dessaint, 1776, 2 tomes en 1 vol. in-8° ; traduit en anglais en 1772 (Essays on the spirit of legislation, in the encouragement of agriculture, population, manufactures, and commerce…, Londres, W. Nicoll, 1772, in-8°, XI-479 p.) ; inséré dans les Mémoires de la Société économique de Berne, 1765, tome VI, 2e partie, p. 45-139
Traité du plantage et de la culture des principales plantes potagères, recueilli du dictionnaire anglois de Mr Ph. Miller, Par les soins de la Société économique de Berne. Traduit de l’allemand et augmenté par un membre de la dite Société (par Jean Bertrand). Yverdon (Suisse), 1768 ; compilation du dictionnaire de Miller, traduite et augmentée de notes inédites par Jean Bertrand (après quelques considérations générales sur la culture potagère, le fumier et les couches, on trouve ici des instructions sur les artichauts, les cardes ou côtes de cardon, concombres, melons, asperges, cèleris, salsifis cultivé, chicorées, choux, épinards, laitues, bettes, pois, oignons, haricots, navets, carottes, raifort, radis et raves).
Elémens d’agriculture, fondés sur les faits et les raisonnements, à l’usage du peuple de la campagne [qui ont remporté le prix de la Société économique de Berne en 1774], Berne, Société typographique, 1775, in-8°, 168 p. ; Paris, 1777, in-8° ; traduit en allemand en 1785 ; inséré dans les Mémoires de la Société économique de Berne, 1773, tome XII, 1re partie
(8) p. 164.
- Sources et bibliographie
Archives cantonales vaudoises
Gb 239/a Plan de 1692, folios 65-66, commissaire non identifié
Gb 239/b Plan de 1766, folio 46, établi par le commissaire Frédéric-Henri Nillion
Gb 239/c Plan de 1844, signé de Gabriel Dufour
Geb 239, p.-v. de taxation des bâtiments, 1838
PP 530 fonds Château de Coinsins :
- PP 530/345 plan de 1873 par Moreillon avec plan de la forêt du Bois-de-Chêne appartenant à M. Guébard, levé en juin 1836 par Louis-Henry Delarageaz, géomètre. Ajout au crayon du XXe siècle
- PP 530/346 « Plan des Bois de Chênes, mai 1919, J.J. de Luze, insp. forestier » 2 exemplaires avec annotation au crayon
- PP 530/347 1917 : contrat de servitude à la Baigne aux chevaux, droit de source à la forêt de Genolier etc.
SB 81/26 (archives du Service des bâtiments de l’Etat de Vaud)
P Mottaz
P Guebhard
PP 611/7
AMH (archives des Monuments historiques de l’Etat de Vaud)
Les grosses, terriers de la région de Nyon (Fi, Fg), plans et reconnaissances précédant les cadastres, étaient non consultables en 2011
Cartes
Carte Dufour, 1845
Carte Siegfried, Begnins, feuille 443, 1895
Ouvrages publiés (classés dans l’ordre dans lequel je les ai consultés)
Albert de Montet, Dictionnaire biographique des genevois et des vaudois, 1878
David Martignier, Dictionnaire historique, géographique et statistique du Canton de Vaud, 1867
Eugène Mottaz, Dictionnaire historique et géographique du canton de Vaud, 1914
Gilbert Rochat, Histoire de Genolier, 1973
HS, III/1, p. 724-729
Eric Caboussat, Genolier, 1997
Dictionnaire historique de la Suisse, article Genolier par Germain Hausman consultable en ligne, articles biographiques, etc. www.hls-dhs-dss.ch
- Godefroy, Dictionnaire de l’ancienne langue française, 1881
- Bossard et J.-P. Chavan, Nos lieux-dits. Toponymie romande, Lausanne, 1990
- Daghini et al., Mémoire collective et urbanisation, 2 vol., 1987-1988
- L. Galbreath, Armorial vaudois, Baugy sur Clarens, 1934-1936, 2 vol.
Eric Magnin, Coinsins passionnément. histoires…, Commune de Coinsins, 1997
Cet ouvrage publie des extraits des divers actes de vente du Bois-de-Chênes (p. 202 : vente du Bois de Chênes le 11 août 1725 à Jean Louis de Portes -archives communales de Coinsins-, p. 206 et ss), qui sont annexés en photocopie au présent rapport.
Jean Schneeberger, Histoire de Coinsins et de l’Ouest du Léman, Genève, 1990
Portrait de Jean Louis de Portes
Georges Rapp, « La seigneurie de Prangins » in BHV 4, 1942
Daniel Glauser, Les maisons rurales du canton de Vaud, tome 3, de la Côte à la Venoge, p. 167, fig. 239, etc,
Eric Magnin, Coinsins, 1997, p. 202 : vente du Bois de Chêne le 11 août 1725 à Jean Louis de Portes (archives communales de Coinsins), p. 206 et ss
Charles Biermann, La maison paysanne vaudoise, Lausanne, 1946 (ill. p. 54)
SIPAL
Fiche n°63 du recensement architectural du canton de Vaud, commune de Genolier
Archives communales de Genolier
Dossier de plans et documents avec commentaires de l’archiviste communale, Madame Dominique Althaus-Perriard, constitué le 6 mai 2009
Archives communales de Coinsins
Divers actes de vente concernant le Bois-de-Chêne
Extraits publiés dans Eric Magnin, op. cit
Plans et documents historiques
Rénovation
Une ferme-château, au service d’un patrimoine naturel et paysager d’exception, au service des acteurs en charge de la préservation et de la valorisation de ce patrimoine.
La Fondation du Bois de Chênes, instaurée en septembre 2014, regroupe les acteurs intéressés au futur du site. Elle se propose de coordonner leurs activités et de mettre à leur disposition la ferme-château du Bois de Chênes selon des modalités à la carte, reposant sur le principe gagnant-gagnant : en effet, les bénéficiaires de la ferme-château mettront en valeur le Bois de Chênes sur différents volets, de la recherche à la vulgarisation en passant par la surveillance et la sauvegarde du site.
La ferme-château deviendra de ce fait un relais au cœur du patrimoine du Bois de Chênes, permettant sa valorisation durable ; la constitution d’un ancrage local constitue en effet un élément clé pour la garantie d’une préservation à long terme du site.
La rénovation de la ferme-château et de ses annexes permettra de créer des lieux pour la rencontre au quotidien des gestionnaires, chercheurs et acteurs en charge de la surveillance. Des espaces didactiques seront aménagés au rez et seront utilisés occasionnellement par différentes organisations dans un objectif de formation, de sensibilisation ou d’échanges.
La ferme-château constitue donc la pièce maîtresse du projet et le cœur des activités de valorisation et de rayonnement du site. Son devenir n’est toutefois pas celui d’une maison de la nature, ou d’un centre d’accueil du public, qui implique des aménagements extérieurs non compatibles avec la tranquillité du site et la préservation des milieux naturels qui jouxtent la ferme-château. Celle-ci reste une maison d’habitation et un lieu de travail, dont l’accès au public se limite à des espaces clairement identifiés. L’expérience d’autres bâtiments rénovés à des fins de centre nature montre par ailleurs que les charges d’exploitation résultant de tels aménagements sont souvent difficiles à assumer. Le projet du Bois de Chênes s’en différencie clairement et l’investissement se voit garanti par l’assurance de prestations futures conventionnées et réglées en amont.
Comme déjà évoqué, les bâtiments de la ferme-château du Bois de Chênes sont classés ; en note 2 au recensement des Monuments historiques de l’Etat de Vaud, le site est classé dans son ensemble.
L’état de conservation original est remarquable et exceptionnel. Il mérite donc la plus grande attention.
Une restauration importante mais respectueuse de la substance historique, de la typologie des espaces, de ses matériaux, aménagements et décors, est indispensable.
Elle se fera conformément aux règles et à la déontologie en matière de conservation de monuments historiques. L’opération est étroitement suivie par le conservateur et les experts du service cantonal des monuments et sites. Une demande de subventionnement des travaux de conservation est en cours.
La restauration « douce » envisagée sera parfaitement compatible avec un programme relativement simple, tant dans ses exigences de confort que dans sa matérialité.
Il y aura donc convergence entre simplicité de programme, économies de moyens et sauvegarde patrimoniale.
Comme le montrent les plans, le corps de grange sera maintenu. Une utilisation agricole avec du petit bétail restera possible. Le choix de celui-ci sera fonction de la gestion jugée la plus appropriée pour la préservation des enjeux floristiques du site. Le rural permettra aussi l’accueil des classes.
Les annexes et aménagements aux abords immédiats de la ferme-château seront également revalorisés, ce dans le respect de leur substance historique et dans celui des milieux naturels environnants.
Ainsi, les murs du jardin potager et le verger haute-tige seront réhabilités. Dans le cadre de leur réaménagement, d’anciennes variétés fruitières et potagères seront privilégiées et une gestion répondant aux exigences de l’agriculture biologique sera mise en place.
Le fournil et son magnifique four à pain d’origine seront restaurés et remis en état. Il servira à des activités pédagogiques et de démonstration.
Le corps d’habitation de la ferme-château sera rénové de manière douce pour offrir :
- des espaces de formation et d’accueil pour des groupes cibles en fonction des activités de sensibilisation ou d’animation prévus ;
- deux logements de fonction pour assurer une présence sur le site, la conciergerie du bâtiment, les soins aux animaux de ferme et l’entretien courant du jardin ;
- des espaces permettant au bureau exécutif de la fondation, aux gestionnaires du canton et ONG, aux animateurs du PNRJV et de l’ABCG, aux chercheurs du WSL et aux autres partenaires de travailler et d’échanger ;
- divers espaces de stockage pour matériel et autre.
Le couvert sud-ouest abritera :
- Un espace d’accueil pour les visiteurs et groupes, ouvert sur la cour et accessible en permanence
- Des WC-lavabo pour les visiteurs extérieurs
- Une chaufferie à plaquettes de bois ou pellets et bois de feu issu de l’entretien des forêts avoisinantes.
Des panneaux solaires thermiques en bas du toit sud-ouest du couvert assureront la production d’eau chaude pendant la belle saison.
Un système original d’épuration des eaux usées domestiques pour 12 équivalents habitants sera mis en place. Il comportera des filtres organiques, de traitement des eaux et un bassin de rétention des eaux épurées avec évaporateur. Aucune eau épurée ne pouvant être rejetée dans le terrain compte tenu des sources avoisinantes, les eaux stockées seront selon les besoins pompées et évacuées par camion citerne pour être déversées dans une station d’épuration. L’ensemble du dispositif sera parfaitement étanche, avec système de sécurité d’alarme anti-débordement
Des panneaux solaires photovoltaïques translucides assureront la couverture du bassin de rétention des eaux épurées tout en produisant les besoins en énergie des bâtiments.
Deux seules places de parc, à l’usage strict des habitants, sont aménagées à l’ouest de l’annexe à l’emplacement de la place de déchargement des plaquettes pour la chaufferie.
Chantier
Une attention particulière sera mise en œuvre pour l’organisation du chantier dans ce cadre exceptionnel. Aucune eau de chantier ne pourra être déversée dans le site. Des protections ad-hoc empêcheront toute pollution du site et encore plus sensiblement du ruisseau.
Coût global du projet
Il est devisé à CHF 5’335’000.–. Le financement est assuré par les pouvoirs publics, des fondations, des sociétés et autres donateurs particuliers.
Permis de construire – Août 2016
Espaces
Un jardin à l’ancienne
Autour de la ferme, le potager et le verger composé d’arbres hautes tiges seront réhabilités selon les normes du label BioSuisse, afin de faire revivre d’anciennes variétés fruitières et potagères.
Le fournil (four à pain) sera également remis en état et servira à des activités pédagogiques et de démonstration.
La ferme deviendra ainsi un relais au cœur même du patrimoine du Bois de Chênes, permettant sa valorisation durable. La constitution d’un ancrage local est en effet un élément clé pour la garantie d’une préservation du site à long terme.
Réservation de salles
Les salles et réservation
La Fondation du Bois de Chênes propose plusieurs salles à la location.
Couvert public
Gratuit, toilettes à disposition, accès libre, pas de réservation possible
Salon et salle d’accueil
Salon : Capacité maximum entre 24 et 30 personnes assises à table
Salle d’accueil : 8 à 10 personnes.
Flip chart et écran TV à disposition pour projection.
Sur demande de la vaisselle peut être fournie pour 20 personnes
Prix : CHF 250.- demi-journée, CHF 400.- journée entière.
Salle multimédia
Capacité env. 30 personnes
Louée uniquement en complément d’une location de la grange ou d’une autre salle.
Prix : CHF 50.-
Salle du conseil
Capacité env. 8 à 10 personnes autour de la table.
Prix : CHF 60.- demi-journée, CHF 80.- journée entière.
Louée uniquement en complément d’une autre location.
Possibilité d’utilisation d’un beamer.
Prix : CHF 30.- jour.
Grange
Capacité environ 80 places assises
Non chauffée, utilisable sur trois niveaux (rez, 1er et 2ème pont) équipée de tables et chaises.
La mise en place et le rangement sont effectués par le locataire.
Prix : CHF 400.- par jour ou fraction de jour.
Ensemble des locaux y.c. petit carnotzet
Prix : CHF 1’000.- par jour ou fraction de jour